Quelques notes sur le phare et du site du Petit-Minou

Le nom 

  • L’origine serait bretonne : « min » pourrait signifier bouche, embouchure ou pointe.
  • Min devient minou au pluriel en breton.
  • A l’entrée du goulet se situent la pointe du Grand-Minou (à l’ouest de la pointe du Petit-Minou) et celle du Petit-Minou, au creux duquel se situe l’embouchure, rendant plausible cette origine.

Histoire du site du Petit-Minou

  • Au 17ème siècle :
    • Vauban est commissaire général aux fortifications de Louis XIV.
    • Le site contribue à la protection du goulet contre les Anglais qui menacent de débarquer à Brest.
    • Protection du goulet (à Plouzané) : les fortifications à la pointe du Diable, au Dellec, au Mengant et au Minou.
    • Le site du Petit-Minou est hautement stratégique dans la protection du goulet : il fait face à Camaret et à la baie de Berthaume.
    • Les premiers travaux de construction du fort s’étalent de 1689 à 1700.
    • Dès 1694 les canons du Minou contribuent à repousser une tentative de débarquement anglais.
    • Dès 1700, le site ressemble déjà fortement au site actuel.
  • Plus tard, la Marine réclame deux feux d’alignement pour sécuriser l’accès à la rade de Brest.
  • Un projet est présenté en novembre 1839 mais il faut attendre quatre ans pour que la décision d’engager les travaux soit signée.
  • 1841 : face à de nouvelles menaces, les remparts sont consolidés, épaissis et surélevés aux dimensions qu’on leur connaît actuellement.
  • 1843 – 1848 : construction du phare.
  • 1870 : la vocation militaire du Minou est réaffirmée : 
    • Construction de  casemates enterrées permettant des tirs au ras de l’eau (batterie de rupture).
    • Construction de batteries hautes (au-dessus de la route, et dans l’enceinte de l’actuelle SPA).
  • Entre les 2 guerres : installation d’un hôtel – restaurant (une rôtisserie).
  • 1940 : occupation du fort par les allemands et construction de blockhaus (dans le fort et aux environs).
  • Le « V » visible au-dessus de l’entrée du fort est probablement un vestige de l’occupation allemande du fort.
  • 1961 (guerre froide) : crainte d’attaques contre la flotte et les sous-marins basés en rade. Construction d’une tour avec un radar à son sommet devant le phare pour lutter contre d’éventuelles immersions de mines, larguées par avion. Cette tour est alors également utilisé comme poste sémaphorique (pour surveiller et communiquer avec les navires).
  • Début des années 1980 : démontage du radar.
  • 1987 : transfert du poste sémaphorique au phare du Portzic.

Construction du phare du Petit-Minou

  • 1843 – 1848 construction du phare.
  • La tour cylindrique du phare est un exemple d’association de granit rose extrait des carrières de l’Aber-Ildut, renommé pour sa grande résistance à l’érosion et de kersantite, provenant des carrières du canton de Daoulas.
  • Le granit de Lanildut a également servi dans la construction du socle de l’Obélisque à Paris et des quais de la Tamise à Londres.
  • Léonce Reynaud, ingénieur français et directeur du service des phares et balises de 1846 à 1878, conçoit le phare en s’inspirant « des grosses tours défensives […] telles qu’on les admire encore aujourd’hui dans les ruines des anciens châteaux forts de la Bretagne ».
  • Construction supervisée par l’ingénieur des Phares et Balises, Louis Plantier (mise en place d’une 15aine de phares de Bretagne, dont celui du Portzic).

Caractéristiques du phare du Petit-Minou

  • Dans l’alignement du phare du Portzic, le phare du Petit Minou indique l’entrée en rade de Brest.
  • Propriété : le phare du Minou appartient à l’Etat, Direction interrégionales de la mer Nord-Atlantique – Manche Ouest, subdivision des Phares et Balises.
  • Haut de 26 mètres par rapport au niveau de la terre, il atteint 34 mètres au-dessus du niveau des hautes mers.
  • Nombre de marches : 89.
  • 6 niveaux (étages) du phare : 
    • 1er : vestibule (entrée) & dépôt d’huile (pouvait contenir 1000 litres d’huile, l’équivalent d’une année en feu).
    • Les niveaux 2, 3 et 4 mis à disposition de l’ingénieur, du conducteur ou des gardiens-allumeurs. Chaque pièce était meublée.
    • Niveau 5 : voutée, c’est la chambre de veille, munie de grandes armoires et placards permettant d’y entreposer les accessoires nécessaires au service de l’éclairage du feu (lampes et becs de rechange, obturateurs, ciseaux etc.).
    • Plate-forme supérieure (6e niveau) : supporte la lanterne et « d’une largeur assez spacieuse pour y poster des soldats dans le cas d’une attaque de vive force tentée par la mer ».
  • Juillet 1961 : une tour cylindrique est construite à 13 m en avant du phare pour porter un radôme sphérique (pour lutter contre d’éventuelles immersions de mines, larguées par avion).
  • Juillet 1963 – la tour du phare est peinte en blanc vers le Sud-Ouest et le sommet en rouge.

Un paradis en forme d’enfer

  • Phare paradis : phare construit sur la côte, ou dans un estuaire, parfois à proximité d’un village.
  • Phare purgatoire : phare construit sur une île, plus ou moins éloignée du continent.
  • Phare enfer : phare sur une île lointaine ou en pleine mer, le gardien est potentiellement isolé plusieurs semaines.
  • Le phare du Petit-Minou : construit sur le modèle des phares de pleine mer. Il s’agit donc d’un paradis en forme d’enfer.

Éclairage et fonctionnement du phare

  • Les phares peuvent se classer selon le type de signal lumineux qu’ils émettent et être reconnus grâce à leur code et à la couleur émise.
  • Les optiques fonctionnent sur le principe mis au point par le physicien français Augustin Fresnel en 1822. La lentille confère aux rayons une portée très lointaine pour une consommation énergétique raisonnée.
  • De 1848 à 1937, le feu du Minou fonctionnait grâce à divers combustibles :
    • De 1848 à 1905, l’huile végétale était la principale source de production.
    • Puis le feu du phare a fonctionné grâce à la vapeur de pétrole.
    • 1938 : électrification.
  • Aujourd’hui, le feu principal est :
    • Blanc et rouge à 2 éclats groupés toutes les 6 secondes. Il est équipé d’une LED de type V2 de 180 watts.
    • Sa portée est de 18 milles dans le blanc, 14 milles dans le rouge ; soit 30 km et 23 km. 
  • Son feu auxiliaire :
    • Est aligné avec le phare du Portzic.
    • A une portée de 22 milles, soit 37 km
    • Son feu rouge permet de signaler l’écueil du Plateau des fillettes, situé entre les deux rives du goulet : “Le Minou rougit quand il couvre les Fillettes”.
  • En 1937 un système de signal sonore de brume est installé.

Panorama en haut du phare du Petit-Minou

D’est en ouest, on voit successivement :

  • La Pyramide,
  • Le phare du Portzic,
  • Le pont de Plougastel,
  • Plougastel-Daoulas,
  • Le Fort de Kerviniou,
  • La pointe des Capucins,
  • Camaret sur Mer,
  • La pointe du Grand Grouin,
  • La pointe de Toulinguet,
  • Le rocher du Lion,
  • Et on distingue la pointe du Raz (selon la visibilité).

Histoire des phares

  • Les premiers phares apparaissent trois siècles avant notre ère lorsque « Ptolémée »,roi d’Égypte, fit construire sur l’île de Pharos en face d’Alexandrie, une tour de 135 mètres de haut, en marbre blanc (une des sept merveilles du monde).
  • Le XIXème siècle est marqué par un essor industriel et une croissance du commerce maritime. La construction des phares est alors à son apogée.
  • En 1800, on comptait 24 phares sur le littoral français. En 1831, il y en avait 150.
  • Selon l’altitude du site, les conditions météorologiques locales, la portée géographique souhaitée, ces tours ont des formes variées : rondes, octogonales ou carrées, avec souvent un soubassement tenant lieu de logement pour les gardiens.
  • C’est dans les parages de la Manche et de l’Atlantique que les phares sont les plus importants et que leur densité est la plus forte.